Soyons clairs : Cet illustre maître -verrier qui figure parmi les grands artistes de l’art du vitrail n’est en fait connu que par sa signature au bas de la dernière des dix-huit verrières de la cathédrale d’Auch qui constituent son chef d’œuvre.
Et, comme pour la plupart des artistes ayant
travaillé à la décoration des cathédrales, on ne sait pratiquement rien de lui.
Il serait totalement inconnu s’il
n’avait signé cette œuvre remarquable réalisée entre 1507 et 1513 et considérée comme une des plus importante de
son époque et la plus belle de la Renaissance
.
Dans son ouvrage « l’Art de la peinture sur
verre » paru en 1774, Pierre le Vieil, maître verrier de Rouen, écrivait:
" Vers le même temps travaillait aux vitres peintes de la cathédrale
d'Auch, capitale de la Gascogne, un nommé Arnaud Desmoles, très habile peintre
sur verre, français, ainsi que son nom l'indique, car nous ne connaissons de
lui, ni le nom de sa patrie, ni celui de ses maîtres, ni le temps de sa mort
".
On
ne sait vraiment pas grand-chose de ce maître-verrier de la fin du Moyen-Age a part effectivement une inscription ainsi
libellée en gascon :
"Acabades
sont las presentes beyrines a l’aunour de Diou et de Nostre-Dame, lou vingt et
cinq jouin 1513, Arnaud Desmoles"
Or voilà qu’en 1868, Paul Raymond, directeur des
archives départementales à Pau révéla qu’il était issu d’une famille bourgeoise de Saint-Sever où il
serait né en 1470 et marié puis mort dans cette ville vers 1520. Cet érudit se
basait sur des documents découverts dans le censier de l'abbaye bénédictine de
Saint-Sever et des actes aux Archives Départementales des Landes. établissant
que sa famille y était installée, et que lui-même travailla à Saint-Sever,
dirigeant un important atelier et formant des élèves. Il aurait même réalisé
les vitraux de l’abbaye bénédictine .
Un document des Archives départementales des
Pyrénées Atlantiques daté de 1517, et concernant la commande d'un retable pour
l'église de Nay mentionne que les fournitures ont été commandées à "
Maeste Arnaut de Moles, Maeste pintre, habitant deu loc de Saint-Sever
Le problème reste que de multiples verriers ont
porté des noms proches tels que Molès, Molas, Molles, patronyme assez commun dans la région gasconne, et que son nom a eu plusieurs orthographes
comme De Moles, Desmoles ou Demoles. Rien n’assure alors que l’auteur des
vitraux d’Auch est le même personnage que celui natif de saint-Sever.
D’ailleurs, même la dédicace des vitraux d'Auch a fait l'objet de nombreuses
interprétations sur l'orthographe du nom
D’autant que le landais de Saint-Sever n’est
qualifié que de peintre de métier « Maeste Arnauton de Moles,
pintador », et non pas verrier ( encore qu’à l’époque imagiers, peintres
et peintres-verriers avaient le même statut)
Certains auteurs doutent toujours de son origine.
C’est le cas de Jean Rollet, auteur d'une thèse de doctorat sur Arnaut de Moles
soutenue en décembre 1997. Les uns le font naître à Toulouse où il a travaillé,
d’autres à Auch où à tout le moins en Armagnac. En effet, la plupart de ses
vitraux sont situés dans le diocèse d’Auch.
L’incertitude
et le mystère demeurent
On peut toujours s’interroger sur ses influences
et sa formation. On a évoqué l’influence des écoles de Flandres, Hollande ou
Allemagne qui semblent avoir inspiré son style. Mais ce sont surtout des séjours successifs à Milan, Vérone, Padoue, Mantoue,
Florence, Ferrare … qui paraissent certains aux chercheurs.
Il est reconnu qu’entre le Moyen-Âge et la Renaissance,
Arnaud de Moles a imposé une vision nouvelle du style et des thèmes, mais sa
qualité principale tient essentiellement à sa maîtrise technique et à la
richesse et à la profondeur de la couleur, et de la lumière, obtenues par des procédés inédits..
D’autres œuvres lui sont attribuées, sinon à ses
collaborateurs, élèves ou école, à Fleurance (1515/1520), Lombez (1504), Simorre, Cahuzac, et en Haute-Garonne,
comme à Toulouse et à l'église de l'Isle-en-Dodon (vers
1520).
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