18/11/2009

Etienne de VIGNOLES


La Hire, compagnon de Jeanne d'Arc et valet de coeur
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Étienne de Vignoles est né vers 1380 à Préchacq, en Auribat.

Homme de guerre, comme ses frères, il fait ses premières armes avec les sires d'Albret, vicomtes de Tartas, dans les courses et brigandages, luttes et renversements d’alliances à travers les Landes alors partie du duché d’Aquitaine sous tutelle anglaise.

En 1406, il suit le duc Louis d'Orléans, venu en Guyenne combattre les Anglais, avant de servir le comte d’Armagnac et le suivre vers le nord de la France pour y combattre Bourguignons et Anglais. Vaillant et redoutable chef de bande de routiers, il ravage alors la Picardie pendant les années suivantes avec Bernard d’Albret

En 1418, il se rallie au Dauphin Charles, avec son compagnon d’armes et ami gascon Pothon de Xaintrailles, et se distingue aussitôt contre les Bourguignons au siège de Coucy .à la suite duquel il est nommé capitaine d’une compagnie. C’est là qu’il parait pour la première fois dans l’histoire.

En 1419, il se rend maître de Crépy, du Crotoy, avant d’en être délogé par Philippe le Bon l’année suivante.

En 1421 il s’empare de Château-Thierry avant d’y être fait prisonnier puis libéré sur rançon.Cette année là, il est blessé et restera boiteux toute sa vie. Non pas atteint d’une flèche ou d’un coup de lance, mais durement frappé ….par la chute d'une cheminée dans une auberge.
Un jour qu’il lui faut combattre à pied et qu’il descend de cheval, son compagnon Xaintrailles lui fait remarquer son handicap. Il répond « je suis descendu pour combattre, non pour m’enfuir ».
Le surnom de La Hire, qui lui aurait été donné par les Anglais, viendrait de son caractère assez violent et coléreux (ire signifiant colère en ancien français). D’autres avancent pour origine la hyr, le grognement du chien. Il est également possible et plus simple que cela vienne du petit bois appelé "Lahitte" dont il prit le nom et qui, par un vice de prononciation, a pu devenir la Hire, sauf qu'il signe bien La Hire. (Le château de Préchacq qui figure sur la carte de Guyenne par Belleyme porte d’ailleurs le nom de La Hitte).




On le retrouve en Lorraine au secours de René d'Anjou, héritier du duc Charles II de Lorraine, agressé par le duc de Bourgogne. Puis il combat le comte de Vaudémont, parcourt et ravage la Champagne et la Picardie. En 1424, après Compiègne, il attaque Châlons-sur-Marne.
Puis il est à la bataille et défaite de Verneuil en Normandie contre les Anglais. Capitaine de Vitry, il est vaincu par le duc de Bedford qui l'oblige à rendre plusieurs forteresses.

Il offre ses services au Bâtard d'Orléans, et attaque Le Mans, avec d'autres capitaines. Il en est chassé par John Talbot en 1427. Il chasse les Anglais venus attaquer Montargis ( Sa compagnie est alors composée de Basques, Gascons et Commingeois).
C’est à cette occasion que la chronique de la Pucelle lui attribue cette prière faite avant de combattre ;

Moun Diou ! quet preguy de ha gouey par la Hire ço que desirais que La Hire hadousse per tu si ère Diou et questousses La Hire ( Mon Dieu, je te prie que tu fasses aujourd hui pour La Hire autant que tu voudrais que La Hire fit pour toi, s’il était Dieu et que tu fusses La Hire).
Capitaine de Vendôme en 1428 , on le retrouve auprès du roi à Chinon sollicitant des secours pour Orléans assiégé par les Anglais. Il arrive à Orléans le 25 octobre 1428, à la tête d'une compagnie comprenant vingt et un hommes d'armes, six archers et... un trompette, selon la précision du trésorier des guerres du roi. En novembre, il est dépêché une nouvelle fois vers Charles VII pour lui rendre compte de la situation difficile de la ville. Il revient le 24 janvier 1429 à la tête d'une troupe de renfort de cent quatre-vingts hommes. Il se retire le 18 février, après avoir couvert la retraite lors du combat de la " journée des harengs " à Rouvray où ses compagnons Guillaume d’Albret et Jehan de Lesgo sont tués.

Chargé de ravitailler Orléans et de la défendre, il arrive le 25 avril 1429 et y rencontre "la Pucelle". Seul tout d'abord, il est le premier capitaine à lui faire confiance, puis avec le jeune duc d'Alençon, il accepte cet étrange compagnon d'armes, et devient membre du Conseil de Guerre. Le 29 , il entre dans Orléans au côté de Jeanne la Pucelle. Sa compagnie compte alors quatre-vingts hommes d'armes et soixante hommes de traits.




Le 6 mai 1429, il passe la Loire en barque avec Jeanne et attaque avec elle, lance au poing, les Anglais qui défendent la bastille des Augustins, prélude à la levée du siège d'Orléans deux jours plus tard.
Fidèle compagnon de Jeanne, il participa ensuite aux combats de Jargeau, Meung et Beaugency. Il commande l’avant-garde française à la bataille de Patay le 18 juin, et participe au siège de Paris.


Le 17 juillet, il conduit, avec Jeanne, le Dauphin à Reims, pour son sacre. Il y est fait écuyer d'écurie du roi et bailli du Vermandois. Il le suit ensuite, dans son voyage triomphal en Picardie puis sous les murs de Paris.

Le 24 février 1430, il dirige un coup de main sur Château Gaillard, conquiert cette place forte et délivre son célèbre compatriote Arnaud-Guilhem de Barbazan, l'un des plus puissants champions de la cause des Armagnacs, qui y est détenu.

Il s’approche de Rouen en 1431 pour tenter de délivrer l’héroïne capturée par les Bourguignons devant Compiègne et livrée aux Anglais, prend la ville de Louviers mais tombe lui-même aux mains des Anglais et fait prisonnier.
Ayant réussi à s’échapper l’année suivante du donjon de Dourdan, il reprend la guerre en Artois, en Île-de-France et en Picardie, remporte notamment une victoire à Gerberoy (mai 1435), mais multiplie aussi les actes de cruauté et les pillages.
Il fait la campagne de Normandie en 1435 avec Dunois, jusqu’à la reconquête. Ses efforts sont récompensés par le titre de capitaine général de la Normandie, la terre de Montmorillon en janvier 1436, et la châtellenie de Longueville.

Il épouse en 1437 Marguerite de David, demoiselle de Droisy, fille du seigneur de Longueval, dont il n’a pas d'enfant.

En 1438, il fait une intrusion en Alsace, sous prétexte de défendre la cause du pape Eugène IV! Ensuite, il continue de guerroyer en Normandie puis en Picardie sur les terres du seigneur de Luxembourg.

Véritable mercenaire, plus près du flibustier que du preux chevalier, il fait partie des Écorcheurs semant l'effroi sur leur passage, pillent des villes entières, violent, brûlent, monnayent leur retrait à prix d'or.

Le roi met à profit cette puissance destructrice pour contribuer à bouter les Anglais hors de France. Il accompagne ainsi Charles VII lors de l’expédition de Gascogne et la journée de Tartas reprise aux Anglais en juin 1442, comme Saint-Sever et Dax quelques jours plus tard.

Après avoir parcouru tous les champs de bataille de France, c’est donc dans son pays qu’il fait sa dernière campagne. En effet, éprouvé, fatigué, il meurt des suites de ses blessures le 11 janvier 1443 aux quartiers d’hiver de Montauban.



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Ses restes sont transférés pour etre inhumés dans le choeur de l'abbaye de la Maison-Dieu de Montmorillon dans la Vienne. dont il est le seigneur depuis 1436. Son gisant l'y représentait en armure avec cette épitaphe:

" Cy gist noble Estienne de Vignoles dit Lahire, en son vivant secuier de l'escuirie du roi et baillf de Vermandois, lequel de son temps servit moult le roy Charles VII en ses guerres, et puis trespassa le onziesme jour de janvier 1443"

Malheureusement ce tombeau mutilé par les Huguenots en 1562, relegué sur un mur latéral de l'église puis dans une niche dissimulée, est pillé en 1794. Les restes jetés, la pierre tombale et le gisant furent transportés dans la cour de l'hôpital actuel avant d'etre détruits et disparaitre. Seule une dalle aménagée en 1839 dans la chapelle StLaurent de la Maison-Dieu rapelle aujourd'hui son souvenir.


Sans héritier, il laisse, dit on, les seigneuries de Vignolles et Cazaubon, situées à Préchacq, à sa sœur, qui épouse Menoton de Cauna vers 1480.



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